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Yuan et rouble dans la tourmente

Yuan et rouble dans la tourmente




Le yuan chinois et le rouble russe ont connu récemment des dépréciations d’envergure, mais pour des raisons bien différentes. Café du Forex décrypte le phénomène et ce qu’il faut en attendre.

L’annonce du Gouvernement chinois de laisser le cours du yuan évoluer dans une fourchette de plus ou moins 2 % a créé un effet de surprise sur les marchés. Au cours des jours suivant cette déclaration, la devise chinoise a en effet chuté à un plus bas de 11 mois face au dollar. En réalité, cette décision était attendue, rappelle Christopher Dembik, analyste financier chez Saxo Banque : “ Dès l’automne 2013, le gouverneur de la Banque centrale avait prévenu de l’extension prochaine de la bande de fluctuation du yuan”.

Il est vrai que la dépréciation subite des premiers jours, en particulier face au dollar, s’est assez rapidement résorbée. Si la dépréciation constatée s’avère la plus forte depuis 1994, elle demeure dans des proportions non seulement mesurées mais contrôlées par la Banque centrale. Ainsi, au-delà de l’effet d’annonce, les marchés ne semblent pas nourrir d’inquiétude forte sur l’évolution du yuan et encore moins sur la santé de l’économie chinoise.

Yuan : pour une croissance saine et durable

D’autant que ce retour à une flexibilité du yuan à la baisse comme à la hausse, vise précisément à solidifier encore les bases de l’économie chinoise. Christopher Dembik nous rappelle en effet que la Chine a entrepris un processus de rééquilibrage de la croissance en faveur de la demande intérieure ainsi que d’un assainissement de ses finances. Selon lui, toute mesure propre à doper l’économie contribue en outre à rassurer la population dont les exigences financières et sociales sont en progression constante.

Il reste que les effets d’une telle mesure sur la devise ne sauraient se concrétiser dans le même rapport de temps : “il faudra attendre au moins la fin de l’année 2014”, estime Christopher Dembik. Car c’est bien dans une optique de long terme que s’inscrit la vision économique, politique et sociale des autorités chinoises. A terme, le yuan, en bénéficiant de la possibilité de fluctuer dans des proportions contrôlées, doit permettre, d’une part, de favoriser la croissance notamment via les exportations et, d’autre part, de conduire à sa flexiblité croissante en vue d’un futur rôle de monnaie de réserve souhaité par la Chine.

C’est aussi l’objectif d’une croissance assainie et pérenne qui explique le choix du Gouvernement chinois de laisser faire faillite une grande entreprise du très largement subventionné secteur des énergies renouvelables. La société Chaori n’a donc pu honorer ses dettes auprès de ses investisseurs. Christopher Dembik y voit le signe d’une volonté étatique d’assainir une partie de son système financier, sujet à l’excès d’endettement et à des pratiques opaques (shadow banking) : “ L’Etat chinois a choisi de ne plus soutenir les entreprises non viables, a fortiori celles qui bénéficient de larges subventions, afin de ne pas alourdir la charge de ses banques et d’imposer une logique de marché. Jusque-là, la conviction que l’Etat ne laisserait pas ce genre d’événements arriver a conduit à des excès dans le montant et la nature des financements. Désormais, ce ne sera plus le cas”. D’ailleurs, d’autres faillites d’entreprises que Chaori ont confirmé la détermination du Gouvernement chinois.

Ce dernier se devait de faire un choix entre le soutien aux entreprises et le soutien aux collectivités locales, elles aussi très impliquées dans le shadow banking. Ne pouvant décemment laisser ces dernières faire faillite, le Gouvernement a privilégié la mise en place d’un contrôle strict avec la création d’une Cour des comptes chinoise visant à limiter l’endettement et à parvenir à un dégonflement durable de cette bulle néfaste à une croissance saine.

Christopher Dembik considère ces événements récents comme positifs et reste convaincu que la Chine demeure une puissance économique solide et un marché attractif pour les investisseurs.

Rouble : la géopolitique facteur de volatilité

Tel n’est cependant pas le cas de la devise russe, malmenée depuis le début de la crise ukrainienne. Si les volumes échangés en roubles demeurent incomparablement plus faibles que ceux concernant le yuan, le fait est que les tensions politiques entre l’Ukraine et la Russie ont eu pour effet d’attirer de nouveaux investisseurs, notamment particuliers. Il était alors de bonne augure de jouer la baisse d’une monnaie faisant les frais de la politique étrangère du Président Poutine. Malgré une intervention de la Banque centrale de Russie sur le change annoncée le 3 mars en dépit de prises de positions passées opposées, la dépréciation du rouble s’est poursuivie jusqu’à la mi-mars pour atteindre 50 roubles contre un euro. Rappelons que cette devise avait déjà connu un mouvement de défiance en janvier, comme un grand nombre de devises de pays émergents.

Depuis l’intervention unique et vaine de la Banque centrale de Russie, le cours du rouble évolue donc librement. Mais pas nécessairement à la baisse. L’évolution de la situation en Crimée, qui a voté lors d’un referendum son rattachement à la Russie, contribue en effet à stabiliser le cours du rouble depuis la fin de semaine du 14 mars. Et Christopher Dembik ne pense pas que le rouble puisse encore durablement se déprécier, même si les possibles sanctions de l’Union européenne contre la Russie maintiennent un climat d’incertitude. Il précise par ailleurs que la devise polonaise, le zloti, pourrait lui aussi se trouver pénalisé d’un éventuel retour de l’aversion au risque dans la région. Le spécialiste de Saxo recommande donc une grande prudence pour les opérations sur le rouble, ainsi que sur le hryvnia, la monnaie ukrainienne.

Celle-ci a très logiquement atteint ses plus bas historiques, d’autant que l’Ukraine se trouvait dès avant la crise au bord du défaut de paiement. Christopher Dembik anticipe que le pays va bénéficier du soutien financier de l’UE et du FMI, et qu’il devra en contrepartie, comme il est de coutume, réaliser les ajustements budgétaires nécessaires et cesser d’intervenir sur sa devise.

C’est pourquoi Christopher Dembik attend une dépréciation continue et durable du hryvnia. “Il a fallu près d’une décennie, les années 1990, pour que le zloti polonais retrouve un semblant de crédibilité. Il devrait en être de même pour la devise ukrainienne”, analyse-t-il.

Le yuan et le rouble ne semblent pas ou plus engagés dans une tendance nette mais soumis à de fortes variations de cours sous l’influence des événements politiques autant qu’économiques. Un suivi rigoureux de l’actualité s’impose pour les investisseurs qui voudront tenter leur chance.

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